Si vous êtes touriste à Paris, vous dépenserez beaucoup d’argent, et
certainement plus que si vous êtes Parisien, en allant au même endroit.
Comment ça se fait ? Sans aller jusqu’à expérimenter les décaissements
de tout bon touriste en visite une semaine à Paris, j’ai fait
l’expérience simple et révélatrice d’une terrasse un après-midi,
accompagnée de quatre jeunes Américaines, dans un café de l’Ile de la
Cité.
Addition : 6,80 euros le café au lait, 13 euros la bière, et le sentiment d’être poussé à la consommation (et de devoir le payer).
La commande s’est faite en anglais : « Two coffees, two hot chocolates and one beer, please. » Le serveur, sans évoquer aucune précision de prix, pose la question : « Coffees with milk ? » Sans savoir que leur « yes, please » leur couteraient quelque 3 euros de plus, les jeunes filles acceptent.
« And the beer, medium or large ? » : comprenant que « large » serait une pinte, j’acquiesce à mon tour, et opte pour le « large ». Nos boissons arrivent quelques instants plus tard.
Sur le plateau donc, deux bols de chocolat chaud, deux bols de café
(oui, des bols !) et... un litre de bière. « A large beer » ne signifait
donc pas une pinte de bière (0,5 litre) mais plutôt un litre de bière,
ce qui est peu probable d’être la taille que souhaite une jeune fille,
en plein après-midi.
L’addition arrive. Total : 40,20 euros. L’une d’entre nous interroge en anglais le serveur : « Est-ce la taille normale des boissons ? » Aucune réponse. Soit il ne comprend pas, soit il fait semblant de ne pas entendre.
Une Espagnole balbutie dans toutes les langues pour savoir s’il s’agit bien de la boisson qu’elle a commandée qui vient d’arriver sur sa table. Le garçon de café fait signe de la tête que oui. Oui, même pour du Red Bull, un « moyen », c’est 50 centilitres !
Même commande et même tarif pour le journaliste
de Rue89 qui nous accompagne et filme en caméra cachée. Une bière
« moyenne » : 50 centilitres et 9 euros. En partant, il questionne le
serveur : « Je pensais avoir un demi, vous n’en servez pas ? » « Pas en
terrasse. »
Pourtant, le panneau légal indiquant le prix des boissons (ici, un petit panneau donnant les prix de huit boissons seulement et dissimulé derrière une porte vitrée repliée) mentionne le prix de 5,10 euros pour une bière « flacon » de 33 centilitres en salle ou en terrasse... « Il ne s’agit pas d’un demi mais d’une bouteille », rétorque le patron. C’est vrai, mais elle n’est jamais proposée.
La pratique est loin d’être isolée. Un serveur d’un autre café du quartier Saint-Michel témoigne dans le même sens :
Pour les autres, Parisiens et toute personne qui a plus de flair, une petite discussion avec le serveur au moment du choix de la consommation renseigne tout de suite sur les prix associés aux quantités des boissons et à la salle ou la terrasse.
Le même serveur de Saint-Michel poursuit :
Addition : 6,80 euros le café au lait, 13 euros la bière, et le sentiment d’être poussé à la consommation (et de devoir le payer).
La commande s’est faite en anglais : « Two coffees, two hot chocolates and one beer, please. » Le serveur, sans évoquer aucune précision de prix, pose la question : « Coffees with milk ? » Sans savoir que leur « yes, please » leur couteraient quelque 3 euros de plus, les jeunes filles acceptent.
« And the beer, medium or large ? » : comprenant que « large » serait une pinte, j’acquiesce à mon tour, et opte pour le « large ». Nos boissons arrivent quelques instants plus tard.
L’addition arrive. Total : 40,20 euros. L’une d’entre nous interroge en anglais le serveur : « Est-ce la taille normale des boissons ? » Aucune réponse. Soit il ne comprend pas, soit il fait semblant de ne pas entendre.
Même pour un Red Bull « moyen », c’est 50 centilitres
Autour de nous, d’autres consommateurs ont plus de succès. Des Allemands demandent en Français confirmation du prix de leur bière « moyenne » inscrit sur le ticket. Le serveur rétorque : « 9 euros, OK ? » Ils opinent du chef ; après tout, les vacances, ça coûte cher...Une Espagnole balbutie dans toutes les langues pour savoir s’il s’agit bien de la boisson qu’elle a commandée qui vient d’arriver sur sa table. Le garçon de café fait signe de la tête que oui. Oui, même pour du Red Bull, un « moyen », c’est 50 centilitres !
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Pourtant, le panneau légal indiquant le prix des boissons (ici, un petit panneau donnant les prix de huit boissons seulement et dissimulé derrière une porte vitrée repliée) mentionne le prix de 5,10 euros pour une bière « flacon » de 33 centilitres en salle ou en terrasse... « Il ne s’agit pas d’un demi mais d’une bouteille », rétorque le patron. C’est vrai, mais elle n’est jamais proposée.
Trois classes de prix : les habitués, les touristes et les autres
Pour tout ce qui nous a été servi, aucune pratique strictement illégale. Mais l’arnaque frise le grotesque. Les prix ne sont pas transparents et les voeux des clients exagérément surinterprétés.La pratique est loin d’être isolée. Un serveur d’un autre café du quartier Saint-Michel témoigne dans le même sens :
« En gros, on a trois classes de prix : les habitués, les touristes et les autres. »Les habitués ont les prix du bar, aussi parce qu’ils vont plus naturellement vers le bar, connaissant les prix de la salle et de la terrasse. Prix du café : 2 euros. Les touristes insouciants sont plutôt mal lotis : on leur sert des portions systématiquement plus grandes, après un discours sur les prix des moins transparents. Prix du café servi : 7 euros.
Pour les autres, Parisiens et toute personne qui a plus de flair, une petite discussion avec le serveur au moment du choix de la consommation renseigne tout de suite sur les prix associés aux quantités des boissons et à la salle ou la terrasse.
Le même serveur de Saint-Michel poursuit :
« Les petites anarques, c’est proposer des suppléments sans préciser qu’ils sont facturés : un peu de salade, par exemple, qu’on facture ensuite 5 euros. C’est mettre des glaçons dans la moitié d’un verre de Coca.Bienvenue à Paris, la ville la plus visitée du monde.
C’est servir au verre de la limonade pression, achetée quelques centimes d’euros le litre, quand un client commande un Sprite.
C’est dire qu’en terrasse, on ne sert que telle quantité minimum. C’est se permettre de refuser de servir des clients si on sent qu’ils ne vont pas consommer gros.
C’est refuser de donner un verre d’eau du robinet au prétexte qu’on n’a que de l’eau en bouteille... »
Vidéo (et coaching) : Julien Martin
Source: http://www.rue89.com/2009/07/26/a-paris-on-sert-des-bieres-dun-litre-aux-touristes
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