jeudi 29 mars 2012

L'emballage du futur pourrait se manger

Par Isabelle de Foucaud

David Edwards, un professeur de Harvard, lancera fin mai sa nouvelle technologie baptisée WikiCells, qui consiste à emballer les aliments dans une membrane composée d'ingrédients naturels, comme des fruits, des légumes ou des céréales.
David Edwards, un professeur de Harvard, lancera fin mai sa nouvelle technologie baptisée WikiCells, qui consiste à emballer les aliments dans une membrane composée d'ingrédients naturels, comme des fruits, des légumes ou des céréales.

Un professeur de Harvard doit lancer en mai un conditionnement alimentaire composé de produits naturels. Il entend mettre fin à l'utilisation du plastique. Les industriels, eux, privilégient d'autres pistes pour réduire les déchets.

«L'emballage du futur sera délicieux», promet David Edwards. Ce professeur de Harvard, à qui l'on doit des inventions pour le moins originales dont le «Whif» (un inhalateur de chocolat, de thé vert ou de café), part en guerre contre le plastique. Il lancera fin mai sa nouvelle technologie baptisée WikiCells, qui consiste à emballer les aliments dans une membrane composée d'ingrédients naturels, comme des fruits, des légumes ou des céréales, et maintenue par des forces électrostatiques. «En plus d'être biodégradable, cet emballage est mangeable», explique son créateur. «Il permet aussi de transporter les produits alimentaires et les boissons.» Du gaspacho pourra ainsi être servi dans une membrane à base de tomate ou du jus d'orange stocké dans une texture à l'orange. Pour des produits comme le yaourt ou la mozzarella, l'enveloppe peut être entourée d'une coque en chocolat, sucre d'orge ou noix.
David Edwards. Crédit photo: Benoît Linero.
David Edwards. Crédit photo: Benoît Linero.
Le concept WikiCells sera inauguré à Paris, où David Edwards a créé un «Laboratoire». Proposé dans un premier temps via la boutique «Lab Store» sur Internet, dans certains restaurants et au bar de l'hôtel W, il devrait être déployé d'ici à deux ans dans certains supermarchés, au rayon frais ou des fruits et légumes. En attendant, la production restera confidentielle, mais David Edwards confie avoir «entamé des discussions» avec des industriels en Amérique du Nord, mais aussi en Europe et en Asie. «Les professionnels sont très intéressés par de futures applications, notamment pour la viande.» Il espère que sa dernière invention partagera le destin de ses «Whifs», dont 400.000 unités ont été vendues l'année dernière. «Des bus de touristes japonais s'arrêtent régulièrement au Lab Store parisien pour s'en procurer», raconte-t-il.

Les industriels pas très… emballés

Une commercialisation de masse n'est pourtant pas assurée. «Cette conception de la réduction des déchets est quelque peu farfelue», commente Emilie Bleton, directrice du marketing et de l'innovation de Tetra Pak France. À l'échelle mondiale, le groupe consacre 4% de son chiffre d'affaires (de 9,9 milliards d'euros en 2010) à la recherche et développement (R&D). «Nous avons l'ambition de produire un emballage en carton renouvelable à 100% d'ici à 2020, contre 75% aujourd'hui.» Tetra Pak a lancé l'été dernier un bouchon fabriqué avec du polyéthylène vert (à base de dérivés de canne à sucre polymérisés), qui est commercialisé par Nestlé au Brésil. Le packaging comestible n'enflamme pas non plus le Groupe Guillin, le leader européen de l'emballage plastique et alimentaire, qui n'a tout simplement pas souhaité s'exprimer sur le sujet.
Si David Edwards assure que «les WikiCells ont une durée de vie de quelques semaines dans le réfrigérateur», les experts sont sceptiques. «Un emballage comestible présente les mêmes risques de dégradation que le produit en lui-même, et menace donc d'intoxiquer le consommateur», souligne Valérie Guillard, chercheuse à l'Institut de la recherche agronomique (Inra). La recherche s'intéresse plutôt à des enrobages à base de cire alimentaire pour prolonger la fraîcheur et la durée de conservation des fruits. «Ce qui ne dispense pas de conditionner ces produits pour les transporter et les protéger des chocs mécaniques.» Valérie Guillard souligne par ailleurs le potentiel allergène de ces emballages mangeables, à base de protéines végétales ou de lait, sans oublier l'apport en calories. «Toutes les spécifications de nos produits, dès lors qu'ils seront commercialisés, seront clairement mentionnées», rétorque David Edwards, en minimisant les réticences en matière d'hygiène. «On lave bien un fruit avant de le manger! De même, pour WikiCells, il suffira de le rincer avant de le porter à la bouche.»
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Source: http://www.lefigaro.fr/conso/2012/03/26/05007-20120326ARTFIG00396-l-emballage-du-futur-pourrait-se-manger.php

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