Par Marie-Estelle Pech
Selon l'étude internationale PISA qui évalue la lecture électronique chez les élèves de 15 ans, les jeunes Suédois ou Norvégiens ont acquis une culture numérique qui fait défaut aux jeunes Français Crédits photo : VALERY HACHE/AFP
Selon un rapport, les moins de 20 ans, dits «génération Z» ne sont pas si compétents avec les nouvelles technologies. Ils les utiliseraient plus dans un but récréatif que formateur.
Missionné par François Fillon, le député Jean-Michel Fourgous, spécialiste UMP du numérique à l'école, vient de lui remettre un épais rapport «Apprendre autrement à l'ère du numérique». S'il est de bon ton aujourd'hui d'affirmer que la «génération Z», comprenez les moins de vingt ans, est parfaitement à l'aise avec les nouvelles technologies et dépasse de loin ses aînés, rien n'est moins sûr. Les compétences de cette «génération numérique» sont «très superficielles» selon le député. Ils passent essentiellement leur temps à échanger, s'amuser, flirter via les réseaux sociaux, à naviguer au hasard. Un usage qui peut être formateur mais qui est surtout récréatif.
Selon une enseignante citée dans le rapport, «nos élèves utilisent les ressources informatiques de façon quantitative, non qualitative. Ils n'ont malheureusement aucun recul critique et pensent que ce qui est écrit est forcément la vérité». Des études de l'OCDE confirment que les élèves critiquent moins ce qu'ils trouvent sur Internet qu'ils ne le font avec d'autres sources. Selon les auditions menées par la mission, les jeunes sont motivés par le numérique mais ils en font un usage essentiellement ludique. Ils brassent l'information plus qu'ils ne la comprennent. Et sont bien plus souvent passifs qu'actifs ou créatifs.
Selon l'étude internationale PISA qui évalue la lecture électronique chez les élèves de 15 ans, les jeunes Suédois ou Norvégiens ont acquis une culture numérique leur permettant d'analyser, d'évaluer et de faire la synthèse des diverses informations trouvées sur internet, culture faisant défaut aux jeunes Français. A l'image de l'apprentissage de la lecture ou des mathématiques, celui du numérique constitue déjà une «fracture» dans la société française. Il ne s'agit pas d'un problème matériel, la plupart des familles et écoles étant équipées, mais de l'utilisation qui en est faite: les milieux aisés encadrent et surveillent leurs enfants. Les moins favorisés ont un usage plus ludique.
Le numérique devrait être une «discipline à part entière»
Il est nécessaire que les enseignants forment de futurs adultes qui ne soient pas esclaves des technologies mais qui en maîtrisent les enjeux, insiste Jean-Michel Fourgous. Il ne suffit plus de savoir «lire, écrire, compter». Lire implique la capacité à «avoir une lecture rapide efficace» sur internet, savoir juger de la crédibilité d'une information. La détermination du réel auteur d'origine n'est pas toujours aisée… On trouve le meilleur comme le pire, des données erronées ou truquées. «Apprendre à être citoyen aujourd'hui, c'est aussi apprendre la citoyenneté sur la toile», insiste Jean-Michel Fourgous.
Or, à l'heure actuelle, le numérique n'est pas ou peu enseigné. Le brevet informatique, le B2i, est «dépassé». Le numérique devrait être une «discipline à part entière» et non pas disséminée. Les enseignants devraient quant à eux être «réellement formés». Moins de 7% possèdent aujourd'hui le tout nouveau certificat numérique, déjà critiqué comme «trop théorique». «Les enseignants sont la seule catégorie socioprofessionnelle à devoir utiliser l'informatique sans y avoir été formée», selon les formateurs. C'est aussi en partie ce qui explique que les professeurs français, s'ils sont 97% à reconnaître la valeur ajoutée des outils numériques ne sont que 5% à les utiliser tous les jours.
Parmi ses 40 propositions, le député-maire d'Elancourt souhaiterait la création d'une «agence nationale de l'éducation numérique». La mission propose ainsi de favoriser la création d'une structure de gouvernance nationale, afin de conduire des politiques cohérentes sur le long terme, du primaire au supérieur, d'évaluer les usages et de promouvoir des pratiques pédagogiques innovantes. Et Jean-Michel Fourgous de rappeler que les États-Unis viennent de consacrer 150 millions de dollars pour la création d'une telle agence.
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Source: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/04/05/01016-20120405ARTFIG00919-generation-z-des-connaissances-superficielles.php
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